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3 mai 2017 3 03 /05 /mai /2017 09:12
                                                            QUE FAIRE ?

 

AUX ADHÉRENTS, SYMPATHISANTS

 

ET PERSONNES INTÉRESSÉES PAR RE 

.....

Certains d'entre vous m'ont contactée en MP en me demandant pourquoi il n'y avait rien sur le blog à propos du 2eme tour de dimanche prochain.
 

Explication : en déplacement dans les Basses-Alpes à gérer ma vieille maman nonagénaire, et, par la force des choses, réduite à mon petit Androïd, il m'était momentanément impossible de publier.

Alors, au cas où certains d'entre vous auraient encore des doutes, je n'irai pas par quatre chemins, quoi que nous puissions penser par ailleurs d'En Marche et de certains aspects de son programme  :

 

 

...

PAS UNE VOIX

 

POUR LE FRONT NATIONAL !

                                                            QUE FAIRE ?
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21 avril 2017 5 21 /04 /avril /2017 08:16
Emmanuel Macron : la chèvre et le chou … Y’a un loup !

C'est le printemps : tandis que les feuilles repoussent et que fleurs et vieilles dames s’étalent sur le sol, la présidente de Reconstruire l’École, n’écoutant que ce qui lui reste de courage, entreprend, après avoir expédié le cas Fillon (1), de passer à la deuxième victime, le fidèle, le fier, le même un peu farouche, charmant, jeune, traînant tous les cœurs après soi, tel qu'on dépeint les dieux … je vous le donne en quatre, je vous le donne en dix, je vous le donne en cent, bref, le gentil Emmanuel Macron.

 
Emmanuel Macron : la chèvre et le chou … Y’a un loup !

Ce qu’il y a de bien avec ce jeune homme – je peux l’appeler ainsi puisque j’ai l’âge de sa mère c'est-à-dire celui de son épouse, c’est qu’il fait vraiment gendre idéal, quelque chose entre Jacques Dutronc en phase pré-coke et Leonardo di Caprio avant le peanut-butter.

Stratégie marketing ou coïncidence, Christophe Brunelle, professeur d'anglais et fondateur des Profs avec Macron, qui représentait son candidat lors des auditions organisées le 25 mars dernier à l’ENS par le Collectif Condorcet (2), est tout aussi choucard, sympathique et pour tout dire trop gnon. Lisse, gentil, constructif. Attentif. Pas agressif pour deux sous : ce n’est pas désagréable, avouons-le. Mais peut-être trompeur.

 

Mais je m’égare, je m’égare, passons aux faits, c'est-à-dire aux propositions d’En Marche pour l’école. C’est dire, comme nous l’avons fait pour M. Fillon, que nous ne parlerons ni de soussous, ni de madame, et encore moins d’une vie privée qui ne regarde personne. Pour éplucher le programme de M. Macron, j’ai donc soigneusement visionné la prestation de Chr. Brunelle et pris connaissance de quelques textes -- dont la lettre ouverte du candidat aux enseignants (3) -- et articles sur la toile, dont je donnerai les références au fur et à mesure de ce compte rendu.

 

A priori, tout dans ce programme est fait pour n’affoler qui que ce soit, et le mot d’ordre semble en être « juste milieu », expression utilisée à plusieurs reprises par M. Brunelle.

In medio stat virtus, dit le proverbe latin. Voyons donc.

Emmanuel Macron : la chèvre et le chou … Y’a un loup !

On sent souvent la patte de Bayroudoudou dans des objectifs tels que le « retour aux fondamentaux », lire écrire et compter du préscolaire au primaire (même si l’on peut objecter que le préscolaire est sans doute trop tôt pour commencer à lire …), la diminution à 12 des effectifs en REP et REP+ (avec 6000 postes à créer), un bilan annuel des difficultés pour tous les élèves de la grande section à la fin du collège, le retour des dispositifs d’accompagnement éducatif après la classe et des études dirigées.

Qui pourrait refuser les 3000€ d’augmentation pour la prime des enseignants en REP, l’octroi de trois jours annuels de formation continue adaptés aux besoins rencontrés dans les classes, 50% de bio et de circuit court dans la restauration scolaire, ou la création de centres artistiques dans les établissements ? Qui pourrait se prononcer contre un statut des AVS et un effort particulier pour la scolarisation à domicile d’enfants trop handicapés ou trop malades pour pouvoir se déplacer ? Comment ne pas partager le constat établi par Chr. Brunelle, pour qui le tort de Mme Vallaud-Belkacem a été de ne pas avoir écouté les professeurs, et d’avoir mené sa réflexion avec les pédagogistes sans passer par les enseignants de terrain ? Et même si cela peut faire sourire, difficile de ne pas trouver intéressante l’idée d’un pass-culture de 500€ qui permettrait à tous les élèves de France d’accéder sans débourser aux nourritures intellectuelles de leur choix. Comment ne pas se sentir soulagé en entendant M. Brunelle expliquer que le latin, le grec et les bilangues seront rétablis en collège, rendant de fait caduque une bonne part de la délétère raiphorme ? Qui pourrait dire non à la création de 80.000 places en filière courte, IUT, BTS et licence pro, pour ce qui est de l’enseignement professionnel ?

Emmanuel Macron : la chèvre et le chou … Y’a un loup !

--   Vous convertiriez-vous donc à l’extrême-centre, chère Présidente ?

--  Oh qu’nenni, mon bon.

 

 

Emmanuel Macron : la chèvre et le chou … Y’a un loup !

Ne serait-ce que pour une raison majeure : sauf erreur de ma part, M. Macron n’envisage d’ABROGER ni la réforme collège 2016, ni celle du lycée (Chatel-Descoings), et propose, en réduisant à quatre le nombre des épreuves finales du baccalauréat, d’y introduire une large part de contrôle continu, ce qui peut légitimement inquiéter.

Bref, à côté des mesures globalement consensuelles énumérées dans la lettre ouverte, d’autres font problème, en particulier ce terme d’ « AUTONOMIE », employé aussi souvent que « juste milieu » et présenté comme le dépassement dialectique entre l’existant et le souhaitable. Comme la langue d’Ésope, c’est la meilleure et la pire des choses : la meilleure si elle libère les initiatives et les énergies, la pire si elle exacerbe les concurrences et renforce les inégalités entre les établissements -- ce que je crains fort pour ma part.

Exemple, les rythmes scolaires en primaire, qui épuisent les enfants et ruinent la plupart des municipalités en activités périscolaires budgétivores : autonomie, ce sont les municipalités qui décideront au coup par coup, suivant que dans leur ville « ça fonctionne » ou pas. « Aujourd'hui, on a des communes qui sont dans l'impasse, financièrement et en terme d'organisation. Je suis pour le pragmatisme. Les départements et les communes sont quand même le lieu d'organisation de tout cela, je suis pour laisser la liberté de sortir du dispositif quand il est considéré comme inefficace et non pertinent.(4)»

 

Que ce pragmatisme revendiqué en arrive à rompre l’égalité entre les élèves sur l’ensemble du territoire ne semble pas effleurer le candidat : mystère de l’autonomie et autonomie du mystère.

Autre exemple, celui de l’enseignement professionnel : dans un souci de mise en place de procédures d’alternance et de pré-apprentissage dans tous les lycées pro, les branches professionnelles seront impliquées dans les programmes. Jusqu’à quel point ? Autonomie !

Pour ce qui est du recrutement des enseignants, terrain glissant s’il en est, il ne sera pas stricto sensu le fait du chef d’établissement, mais en éducation prioritaire chaque collège publiera son projet pédagogique afin que les professeurs puissent postuler en toute connaissance de cause : de facto, extension des postes à profil ? Autonomie, autonomie vous dis-je !

Bref, le cadre national est lentement mais sûrement perdu de vue, tout comme l’égalité républicaine sur l’ensemble du territoire.

Quant à l’évaluation des enseignants, on peut s’interroger sur la pertinence de la confier aux parents et même aux élèves(5), quand on sait à quel point la moindre cabale peut rapidement dégénérer en catastrophe pour le professeur incriminé, même en cas de happy end ...

 
 
Emmanuel Macron : la chèvre et le chou … Y’a un loup !

 

Si ce n’est pas de la démagogie, ça y ressemble tout de même très fort, non ?

Enfin et surtout, pour ce qui concerne l’Université, Emmanuel Macron propose d’ « afficher des prérequis " (6) à l'entrée de toutes les formations universitaires, ce qui revient à en finir avec l'accès de droit en licence pour tous les bacheliers. Mais comment seront définis ces prérequis ? Autonomie ? Et sur quelles bases pourra-t-on évaluer que Kevin Dugenou, tout récent titulaire du baccalauréat, maîtrise ou non lesdits prérequis, surtout quand on sait qu’En Marche propose, rappelons-le, de réduire l’examen final du bac à quatre épreuves obligatoires, tout le reste se passant en contrôle continu ? Autonomie ?

 

Pour ce qui concerne l’Université, le programme d’En Marche, reprenant les préconisations de la CPU, propose qu’elles puissent recruter elles-mêmes leurs enseignants-chercheurs (autonomie, adieu CNU) « suivant les standards internationaux de qualité et d’indépendance, et (autonomie, autonomie vous dis-je…) « déployer librement leur offre de formation (…) à condition d'offrir une palette suffisamment large de filières et d'orientations et de favoriser les aménagements de cursus aux étudiants en stage, en alternance ou en activité professionnelle. »

« Des propositions extrêmement proches sur ce thème de celles de François Fillon », souligne malignement Aurore Abdoul-Maninroudine, la journaliste d’EducPros l’Étudiant. C’est vraiment bien la peine, chers amis de la gauche-castor, de voter Macron pour lui faire barrage !

Quant aux « nouveaux modèles de gouvernance » pour les universités, ils seront développés, ô merveille de l’autonomie, « à l'initiative des acteurs eux-mêmes et assureront une plus grande souplesse dans la composition des instances dirigeantes et dans les modalités d'organisation interne ». C’est tellement clair qu’Emmanuel Macron lui-même s’en prend les pieds dans le tapis (7) ! Certes, on pourrait considérer avec l’adage juridique latin que « De minimis praetor non curat », à ceci près que ces questions n’ont rien de « minima », surtout quand on ambitionne de faire de la recherche « une priorité nationale ».

 
Emmanuel Macron : la chèvre et le chou … Y’a un loup !

Certes, M. Macron promet de sanctuariser le budget de l'enseignement supérieur et de la recherche, et même de faire en sorte que des moyens publics supplémentaires soient attribués « sur des bases contractuelles » selon des critères qui sont « l'ouverture sociale, la qualité de l'insertion professionnelle, les cofinancements européens et privés (c’est moi qui souligne), la performance en recherche, la politique patrimoniale ». Mais parallèlement, les sources de financement seront diversifiées, en facilitant « les possibilités de création de filiales universitaires, les capacités d'emprunt des universités ou encore les partenariats public-privé» (les fameux PPP dont on a vu à maintes reprises la nocivité).

En effet, selon un proche d’Emmanuel Macron cité par l’Obs, l’autonomie actuelle des universités « est en trompe-l’œil » : il faut donc faire un grand pas en avant, afin d’aboutir à un système différencié avec « des universités de proximité tournées vers les bassins d’emplois locaux, formant des étudiants à bac+2, et des universités de rang international à bac+5 ». Comme le note très justement Camille Stromboni du Monde (8), « cette ligne se rapproche de celle portée par Nicolas Sarkozy, d’un système distinguant des collèges professionnels unissant les formations courtes, des universités de proximité et enfin des champions de rang mondial. » Là encore, amis castors, je vous laisse à vos méditations.

 
Emmanuel Macron : la chèvre et le chou … Y’a un loup !

Bref, un système à l’anglo-saxonne, avec une mise en concurrence des universités, certaines aussi prestigieuses que richissimes, et d’autres aussi miséreuses que celle de Rummidge, où enseigne le protagoniste de Changement de décor, le premier épisode de la cultissime trilogie de David Lodge (9). On peut se demander dans quel état les lettres et les sciences humaines, réputées fort peu professionnalisantes, s’en sortiront.

 

 

En somme et pour conclure, un projet qui se revendique consensuel, pragmatique et de « juste milieu », qui se veut à la fois moderniste et rassurant, conservateur et innovant, qui ménage à la fois la chèvre et le chou (mais il y a aussi un sérieux loup…), l’entreprise et le public, les exigences républicaines et celles du privé. Je ne suis pas du tout certaine que tout ceci fonctionne, et, à supposer que cela « marche », que les élèves y trouvent leur compte. Mais ceci est une autre histoire …

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6 avril 2017 4 06 /04 /avril /2017 14:46
FRANÇOIS FILLON ET LES LEMMINGS

S’il existe encore sur ce blog quelques lecteurs, il ne leur aura pas échappé que les apparitions de la Présidente s’y font de plus en plus rares, tant les ingrates activités familiales et multicasquettes de mamysitteuse-taxi-sherpa-cuisinière-chaouch-psychologue-vaguemestre-aide ménagère l’ont accaparée depuis des mois et des mois jusqu’à l’usure.

Pour me sortir de ce silencieux marasme (et avant, sans doute, que l’Assemblée Générale de « Reconstruire l’École » ne confie la présidence à quelqu’un de plus jeune et de plus disponible que moi …), il ne m’a pourtant suffi que d’une sainte et saine colère à voir certains enseignants, des professeurs, des collègues, des êtres cultivés, intelligents, que j’apprécie, que j’admire, pour qui j’ai de l’affection, tomber soudain en amour devant François Fillon, jusqu’à l’aveuglement complet, jusqu’à envisager de lui apporter leur suffrage.

Je ne parlerai pas des affaires, des enfants ni de Pénélope. Ni des costumes ni d’Axa. Ni d’une confondante vulgarité verbale (« casser la baraque », «foutre un procès ») que l’on croyait jusqu’ici réservée au regrettable Sarkozy. Ni d’une démagogie tout aussi confondante (« Je n’ai pas fait les grandes écoles… ») où le châtelain de Sablé/Sarthe nous la joue moitié Thorez moitié Johnny, « fils du peuple » et « je suis né dans la rue ». Non, il sera uniquement question de l’École. Car si les statuts de l’association m’interdisent de donner aux adhérents et sympathisants toute consigne de vote, elles ne m’empêchent pas d’expliquer pour qui NE PAS voter, en l’occurrence donc pour aujourd’hui F. Fillon.

Comment diable est-il possible que des intellectuels, des hommes et des femmes de culture, des personnes attachées à l’École de la transmission et de l’esprit critique, aient à ce point perdu ledit esprit critique pour aller se jeter dans les bras de « Monsieur Socle Commun », ce socle commun d’où naquit tout le mal, évaluation par compétences, réformes délétères du lycée puis du collège, braderie des diplômes et j’en passe ? Pour ne pas alourdir à l’excès l’exposé, je me permets de renvoyer à un texte coécrit avec Agnès Joste et Michèle Gally, http://www.sauv.net/socle.php sur le site du Collectif ami Sauver les Lettres.

Chers amis, chers collègues, parce que François Fillon sort régulièrement quelques piques contre les pédagogistes, allez-vous oublier de quoi il fut l’instigateur et le suivre tels des lemmings dans des eaux glacées où vous succomberez et vos élèves avec vous ?

Parce que vous ne savez (et avouons que c’est tentant…) résister à la Schadenfreude d’imaginer les pédagogues en chambre, tous ceux qui n’ont plus vu de « vrais » élèves depuis des lustres, renvoyés devant les classes et de préférence dans les quartiers nord de Marseille ou d’ailleurs, vous accordez votre confiance à François Fillon pour, en quelque sorte, « faire le ménage » et débarrasser l’institution de ses pseudo-experts en expertise et autres théoriciens du vide éducatif.

Enfin, soyez lucides ! François Fillon ne fera rien (au mieux), et mal, au pire. Pourquoi en serait-il autrement ? Le calamiteux bilan du PS de messieurs Peillon et Hamon et de madame Vallaud-Belkacem doit-il vous faire oublier Xavier Darcos et Luc Chatel ? Chers amis, chers collègues, que vous avez donc la mémoire courte, ou sélective …

FRANÇOIS FILLON ET LES LEMMINGS

Moi, comme ma presque compatriote la mule du Pape, j’ai de la mémoire. Je me souviens très bien par exemple, lors de la nomination de Xavier Darcos par Nicolas Sarkozy, du grand « Ouf » de soulagement en salle des professeurs : « C’est un humaniste, un lettres classiques », « Il connaît la maison », « Il a déjà été aux affaires », « Il ne nous maltraitera pas trop » …

Et on a vu ce qu’il en fut.

Certes, F. Fillon est conseillé par Annie Genevard, qui fut naguère professeur de lettres, m’a tout l’air a priori d’une « honnête homme » (avec une très jolie voix, de surcroît) et ne dit pas de bêtises.

Mais réveillez-vous, chers amis ! Elle ne fera RIEN, ni plus ni mieux que Darcos et quelles que soient ses bonnes intentions, parce qu’elle ne POURRA rien faire ! Le programme ultralibéral de F. Fillon, les coupes claires dans le nombre de fonctionnaires DONC d’enseignants, le refus maintes fois martelé de « faire encore de la dette » (je vous renvoie à cette ahurissante rencontre (1) avec des aides-soignantes à bout), tout ceci cumulé n’aboutira qu’à une aggravation de vos conditions de travail, et ipso facto de celles de vos élèves : si vous devez travailler 25 heures pour gagner plus, sous la surveillance de votre chef d’établissement ça va de soi (autonomie oblige …), sachant que ces 25 heures en signifient une cinquantaine en préparations et corrections, in fine chers collègues vous travaillerez MAL, vous bâclerez la besogne – ou vous finirez en burn-out si vous restez consciencieux.

FRANÇOIS FILLON ET LES LEMMINGS

Jetez donc un coup d’œil sur l’ensemble du programme de François Fillon : il est d’une violence sociale sans précédent dans notre pays, pour tout dire thatchérienne, et fait définitivement table rase des « jours heureux » du CNR, fondement de notre système social français ou du moins ce qu’il en reste. Voulez-vous VRAIMENT tout cela pour votre pays, pour vos élèves, pour vos enfants, pour vous-mêmes ?

- Oui mais ses propositions sur l’École, il n’y a que cela qui nous intéresse chez François Fillon, c’est l’essentiel pour nous, etc etc ...

Vraiment ??? Pour un peu, mes amis, vous me feriez croire que vous ne savez plus penser politique !

FRANÇOIS FILLON ET LES LEMMINGS

ALORS, SOYONS SÉRIEUX, JUSTE CINQ MINUTES : comment pouvez-vous imaginer que l’on va reconstruire l’École dans une France où tout, je dis bien TOUT le modèle social et économique, sera déconstruit ? Comment pouvez-vous concevoir une École seule et debout au milieu du champ de ruines créé par la politique ultralibérale du candidat LR ?

Pour avoir la satisfaction (et qui plus est ce n’est même pas sûr !) de voir dégager un quarteron de pédagonigologistes parasites, allez-vous accepter que les parents de vos élèves soient précarisés, mis au chômage, mal soignés ?

Pour voir revenir le COD et disparaître l’inepte prédicat, tolérerez-vous que les gamins viennent en cours le ventre vide ou traînent l’angine tout l’hiver parce que chez eux on ne pourra plus payer le chauffage ?

Pour pouvoir enseigner le « récit national » (je ne développe pas, c’est un autre débat), consentirez-vous à ce que dans la vie réelle les inégalités se creusent encore et encore, ce qui est quand même tout l’inverse de « faire nation » ?

Quelle mascarade que de vouloir, sous couvert d’égalité, faire porter l’uniforme aux élèves, alors même que la politique économique suivie creusera les écarts de manière effrayante !

Et comment parler de rétablir l’autorité dans l’enceinte scolaire, si le monde hors les murs devient une jungle dérégulée où le plus outrageusement riche aura le dernier mot ?

FRANÇOIS FILLON ET LES LEMMINGS

AUCUN PROGRAMME POUR L’ÉCOLE, si bon soit-il (à supposer qu’il le soit, mais je me place dans votre optique, chers amis et collègues) NE PEUT JUSTIFIER LA VIOLENCE SOCIALE ET REVANCHARDE DU PROJET FILLON.

Vous pensez voter Fillon seulement pour l’École et sans vouloir considérer le reste ? Vous aurez le reste, et pour ce qui est de l’École, vous ne verrez dans le moins mauvais des cas pas grand-chose, et un désastre au pire, quelle que soit la bonne volonté de Mme Genevard : plus que jamais, le ministère de l’Éducation Nationale sera à Bercy.

Qu’est donc devenu l’enseignement public britannique sous Mme Thatcher et autres conservateurs ? Une catastrophe : cyniquement, Miss Maggie, la fille de l’épicier, après avoir bénéficié des bourses des gouvernements travaillistes pour accéder aux études supérieures, a rétabli le plafond de verre. Est-ce vraiment cela que vous voulez pour votre pays, chers amis, chers collègues ? Certes, l’École à plusieurs vitesses existe d’ores et déjà chez nous, c’est un fait, entre public et privé, villes et campagnes, avec ou sans bi-langues (latin, grec, allemand …), entre banlieues et centres-villes, sous contrat et hors contrat … Pensez-vous vraiment que le programme de François Fillon va rendre à TOUS les élèves quels qu’ils soient la possibilité de recevoir l’instruction à laquelle ils ont droit, dans un contexte digne et décent ?

FRANÇOIS FILLON ET LES LEMMINGS

Chers collègues lemmings, revenez sur terre ! Le joueur de pipeau Fillon vous entraîne à la noyade, vous-mêmes et les élèves dont vous avez la responsabilité.

Et tant qu’à rester dans la métaphore aquatique et rongeuse, ce n’est pas lemmings qu’il vous faut être aujourd’hui, mais CASTORS – comprendre le fameux « faire barrage » --, à François Fillon autant qu’à Marine Le Pen.

Vous êtes des professeurs, votre métier c’est de réfléchir : sachez penser globalement ! Un programme électoral est un tout ! Souvenez-vous-en avant que de vous prononcer : CE QUI FAIT DU MAL À LA SOCIÉTÉ NE PEUT PAS FAIRE DU BIEN À L’ÉCOLE.

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25 janvier 2016 1 25 /01 /janvier /2016 08:47

Encore une pétition direz-vous, eh oui… La redondance est pédagogique !

Appel national  pour sauver l'école de la République

« L’École républicaine, héritière de Condorcet, de Guizot et de Ferry est le bien commun de tous les Français ; nous savons votre attachement à l’Éducation Nationale, vous qui en fîtes une question essentielle de votre campagne présidentielle de 2012. Nous nous permettons pourtant, enseignantes et enseignants, parents d’élèves de vous interpeller sur la réforme du collège… »

C’est ainsi que débute une pétition à François Hollande,www.change.org/p/monsieur-le-president-de-la-republique-appel-national-pour-sauver-l-école-de-la-république , pétition émanant de professeurs et de parents d’élèves et qui, en des termes particulièrement courtois, fait appel à « l’audace » du Président de la République et à la « justesse de (son) jugement », le prie de « renouer (avec parents et enseignants) le fil du dialogue qui menace de se rompre définitivement », et demande in fine une abrogation du décret de 2015 afin de « reconstrui(re) ensemble une autre réforme pour le collège ».

Cet appel, émanation d’un collectif de parents et d’enseignants de base (toutes mes excuses pour les génitifs en cascade…), est paru dans plusieurs quotidiens régionaux, et, au moment où j’écris ce topo (dimanche 24 janvier) dans Le Figaro – en espérant que d’autres organes de la presse nationale s’en feront l’écho.

Pour ceux et celles d’entre vous qui fréquentent les réseaux sociaux, je vous renvoie pour information au groupe FaceBook « Non à la réforme 2016 / Les Indomptés-Collectif Condorcet » www.facebook.com/groups/238948703103009/

Le moment n’est pas venu d’ergoter sur tel ou tel point de ce texte, évidemment perfectible – mais si la pétition parfaite existait, c'est-à-dire assez convaincante pour rassembler de larges masses dans l’unanimité la plus totale, cela se saurait.

D’aucuns ont pu s’interroger sur l’opportunité de faire appel au Président plutôt qu’aux élus du peuple, députés et sénateurs, ou encore sur le registre « supplique à not’bon roi pour ne pas être enterrés sous la réforme délétère ». Mais après tout, François Hollande est le président de tous les Français, que je sache, et pas seulement celui du lobby pédago qui, Florence Robine en tête (la gouroute de Mme Vallaud-Belkacem) a pris les rênes au ministère.

« Quand les blés sont sous la grêle fou qui fait le délicat », dit le poète (qui a toujours raison, comme chacun sait).

Alors signons, diffusons et partageons cette pétition !

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7 décembre 2015 1 07 /12 /décembre /2015 16:48
MIA MADRE

Lingua materna, la lingua di mia madre

« Margherita est une réalisatrice en plein tournage d’un film dont le rôle principal est tenu par un célèbre acteur italo-américain.

À ses questionnements d’artiste engagée, se mêlent des angoisses d’ordre privé : sa mère est à l’hôpital, sa fille en pleine crise d’adolescence. Et son frère Giovanni, quant à lui, se montre comme toujours irréprochable… Margherita parviendra-t-elle à se sentir à la hauteur, dans son travail comme dans sa famille ? »

Tel est le « pitch », comme il ne faut pas dire, de Mia madre, le dernier opus de Nanni Moretti, reparti à peu près bredouille (1) de Cannes et c’est franchement dommage.

Tous les habitués (et les amateurs) de l’irascible auteur de Palombella Rossa, Caro diario et Aprile retrouveront avec plaisir ce qui fait la manière, mais parfois aussi la limite, de ce cinéaste : travail sur l’autofiction (Moretti a perdu sa vieille mère pendant le tournage de Habemus papam), mise en abyme du film et réflexion sur la création artistique, dimension militante et regard politique, hommage référencé à plusieurs maîtres du « grand » cinéma italien, goût pour le mélange des genres du pathétique au burlesque, les plans-séquences maîtrisés et les bandes-sons soignées, -- bref, la « patte » d’un cinéaste cinéphile qui construit, qu’on l’apprécie ou pas, une œuvre éminemment personnelle.

S’il ne s’agissait que d’un film sur le deuil d’un parent, père ou mère peu importe, on se contenterait, et ce serait déjà beaucoup, de rendre hommage à la justesse dont l’expérience est montrée, filmée d’une manière à la fois discrète et frontale, empathique et distanciée, qui nous fait « voir l'acteur à côté du personnage », (comme le répète Margherita à ses comédiens) sans jamais succomber à la facilité lacrymogène inhérente à un tel sujet. Nous avons tous été, à un moment ou à un autre, cette sœur suractivée, longtemps dans le déni, qui continue coûte que coûte à travailler pour rester debout et tenir le coup, et/ou ce frère efficace et résigné qui a perçu tout de suite que « mamma sta per morire » -- avec le mauvais rôle de l’expliquer à sa sœur, bref, ces orphelins de soixante ans renvoyés à ce qui fut leur lointaine enfance aux souvenirs plus ou moins rattrapables.

MIA MADRE

« Voir l'acteur à côté du personnage », une des clés du film, c’est aussi une direction d’acteurs (tous aussi épatants les uns que les autres) particulièrement efficace : Moretti, dédoublé en Margherita, abandonne ses explosions de colère surjouée pour un registre intériorisé, posé, presque terne, qui lui va très bien. Les deux femmes, qu’il s’agisse de la grand-mère Ada (Giulia Lazzarini, au jeu minimaliste toujours sur le fil) ou de Margherita (Margherita Buy), avec qui nous traversons tout le registre des émotions, auraient bien mérité un prix d’interprétation, sans oublier John Turturro, inénarrable en Barry Huggins, un cabotin italo-américain caricaturalement hollywoodien mais fort peu professionnel. Un film d’acteurs, donc, au beau sens du mot, avec des rôles forts dans des situations bien campées et des personnages qui existent vraiment, pas des allégories, .

Mais Mia madre, c’est aussi et surtout un film sur la mémoire, qui nous touche particulièrement, nous professeurs de ces lettres classiques qu’on appelle aussi « humanités ». Ada, la grand-mère mourante, a été professeur de latin (comme la maman de Moretti), et il reste chez elle une vaste bibliothèque, comme le monument, stricto sensu, de ce qu’elle a été et qui meurt avec elle, irrémédiablement.

Mia madre qui meurt, c’est aussi la lingua di mia madre, ce latin ancêtre de l’italien, la lingua materna de Giovanni et Margherita, et qui devient peu à peu une langue morte : la grand-mère l’a enseignée, le frère et la sœur en conservent une teinture, l’adolescente renâcle à l’étudier et n’en saisit pas l’utilité, préférant les week-ends au ski et l’acquisition d’un scooter. Nostalgie, mélancolie sans doute, passéisme morettien, qui évoque les constats plus amers ou plus directement politiques d’un Fellini ou d’un Pasolini. Mais il est des patronages bien moins illustres, après tout.

Ce mur de livres (du Tacite, celui qui ne dit rien donc, quelle ironie…), cette vaste table couverte de documents dans le bureau maternel, que vont-ils devenir, que pourra-t-on en faire, se demande Margherita. Que restera-t-il de ce latin-mémoire, qui ne nous parle plus, qu’on a beaucoup oublié ?

« L’analyse logique », explique Ada dont c’est en quelque sorte le testament, cette « analyse logique » qu’elle voudrait laisser en héritage à sa petite-fille comme une prise sur le monde, de quoi remettre en ordre et penser tout ce qui se dit et s’échange dans un réel chaotique dont on ne comprend plus les enjeux – tel le film de Margherita qui tourne au Hellzapoppin social au fur et à mesure que la folie de Barry Huggins, qui semble ne jamais savoir ses répliques, le dérègle.

MIA MADRE

Car, sans vouloir « spoiler » (comme il ne faut toujours pas dire) la fin, l’acteur qui vient des USA, un pays sans histoire ancienne, se révèle littéralement dépourvu de mémoire. Souffrant d’amnésie chronique, il en vient peu à peu à déformer les mots les plus courants, à massacrer ses répliques et à tordre le langage en des barbarismes déconcertants. Ses mots ne veulent rien dire, son texte ne fait plus sens, on ne sait plus où on va, au propre comme au figuré (séquence hilarante de la conduite à l’aveugle) et plus rien ne se transmet. Le tournage est en échec, comme la vie même, mais on doit néanmoins avancer vers demain…

Dans la phrase latine sur laquelle "sèche" la jeune Livia, on entend " parentes", " novissent ", et "docerent "… Il y est donc question d’enseignement, de transmission, de racines (dans toutes les acceptions du terme) ; de tout un processus de « passage » qui se meurt avec la vieille dame. Et quand, après son décès, on en vient à se demander sur quoi ont pu ouvrir ces années de latin, surgissent d’anciens élèves, sages disciples recueillis, qui ont partagé avec Ada une vraie relation filiale : elle a été à tous leur mère, explique une ex-étudiante. Lingua materna. Ce qu’elle leur a transmis, «l’analyse logique », serait-ce simplement in fine de savoir un peu plus clairement où l’on va -- et pour Margherita, qui ne voit pas plus le sens de sa vie que celui de son film, juste qu’il faut vivre et construire avec ce rien, le penser : voilà ce qu’elle peut retenir de sa mère, ce que Livia peut garder de sa grand-mère, dont le dernier mot est « domani » sur quoi se clôt le film, non pas en vain espoir d’une vie éternelle ou d’un optimisme hors sujet, mais parce que quelque chose d’elle sera resté et passé dans l’avenir : la langue.

MIA MADRE

Voilà sans doute la leçon d’Ada, du latin, de Tacite le bien nommé : même quand on ne la parle plus, la langue dite morte, la langue de la morte, demeure celle de la mère, lingua materna, la langue maternelle, celle des racines, non pas au sens d’un renfrognement identitaire et mesquin, mais celui d’une ouverture vers un « domani » où l’on saurait un peu mieux ce que parler veut dire, et où le monde pourrait peut-être s’appréhender autrement que par borborygmes : s’analyser logiquement.

Naturellement, je conseille très fort ce beau film à Mme Najat Vallaud-Belkacem, si elle dispose pour aller au cinéma d'un peu plus de temps que Fleur Pellerin n'en a pour lire Modiano, ..

Faire le pari de l'intelligence, telle est ma devise. SAPERE AUDE, si vous préférez...

(1) Prix du jury œcuménique pour « sa maîtrise et son exploration fine et élégante, imprégnée d’humour, de thèmes essentiels dont les différents deuils auxquels la vie nous confronte.

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20 novembre 2015 5 20 /11 /novembre /2015 08:49
IRRUMABO !

Id est : FUCK DAESH !

Vivamus, mea Lesbia, atque amemus,
Rumoresque senum severiorum
Omnes unius aestimemus assis.
Soles occidere et redire possunt ;
Nobis cum semel occidit brevis lux,
Nox est perpetua una dormienda.
Da mi basia mille, deinde centum,
Dein mille altera, dein secunda centum,
Deinde usque altera mille, deinde centum.
Dein, cum milia multa fecerimus,
Conturbabimus illa, ne sciamus,
Aut ne quis malus invidere possit,
Cum tantum sciat esse basiorum.

CATULLE, Elégies, 5.

IRRUMABO !

Vivons, ma Lesbia, aimons-nous !
Fichons-nous comme d'une guigne
Des cancans des vieux scrogneugneus.
Ils peuvent, les soleils, se coucher et renaître
Mais nous, quand une fois la chandelle est mouchée,
Une nuit éternelle il nous faudra dormir.
Baise-moi mille fois, et puis encor' cent fois
Et encor' mille fois, et de nouveau cent fois,
Et mille fois de suite, et puis encor' cent fois
Et quand mille et mill' fois on se sera baisés,
On mélangera tout pour en perdre le compte,
Pour qu'un jaloux ne puisse nous porter la poisse
Sachant qu'on s'est donné tant et tant de baisers !

(D’après une traduction libre de Iulia)

Notre chagrin se mêle à la colère.

Je ne trouve pas les mots en français, alors je fais appel à Catulle.

Quand j'entends parler de revolver (entre autres armes de mort), je sors ma culture.

IRRUMABO !
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12 novembre 2015 4 12 /11 /novembre /2015 14:38
TEMPÊTE DANS UN BALCONNET

« Réduite la semaine dernière dans Le Point à son « soutif », son joli « rouge à lèvres » sans oublier ses « pendentifs aux oreilles » dans un article aux allures de tribune sexiste de Jean-Paul Brighelli, Najat Vallaud-Belkacem a tenu à répondre à l’éditorialiste. Il avait notamment attaqué la réforme du collège de la Ministre en dénonçant ses « dessous chics ». L’article en question avait suscité une vague d’indignation massive sur les réseaux sociaux. »

(Les journaux)

L’affaire est d’importance, chacun le reconnaîtra. « Indignation massive sur les réseaux sociaux », protestations également indignées sur les radios en général et France-Inter en particulier (1), et réponse vertueuse de la ministre, sur laquelle – la réponse, pas la ministre – nous reviendrons.

Voici donc le débat dont sont faites grosses guerres, de quoi enflammer les esprits, faire crier au sexisme, au racisme, au jeunisme, bref au fascisme (je nous souhaite à toutes et à tous de ne rencontrer à l’avenir d’autre fascisme que ce type d’article)… et surtout de quoi oublier le fond du problème, à savoir la délétère réforme portée par Mme Vallaud-Belkacem, et les dégâts irrémédiables, particulièrement sur l’allemand et les langues anciennes, qu’elle ne manquera pas de provoquer en collège et donc, en tarissant le vivier, au lycée.

Le choix même, par Le Point, de ne donner en lecture gratuite que le premier paragraphe (le plus sujet à controverse) de la brighellienne tribune, n’aidait certes en rien à la clarification des enjeux. Les abonnés du magazine, qui ont lu le texte jusqu’au bout, en auront retenu, (plus que l’exaspération du polémiste devant le comportement pour le moins inélégant de l’élégante ministre qui a, je cite « bien ri pendant l’intervention du député » (2) et semblait se préoccuper davantage de son look que de l’avenir des milliers de collégiens dont elle a, pour leur malheur, la responsabilité), les chiffres donnés par J.-P. Brighelli : 996 000 heures-élèves d'allemand (au lieu de 1 507 000 aujourd’hui) seront dispensées après la mise en place de la réforme. En clair et en gras, un tiers des heures-élèves vont disparaître.

TEMPÊTE DANS UN BALCONNET

Cette disparition est évidemment beaucoup plus grave que la fugitive apparition d’un joli coin de dentelle noire au giron de la ravissante gazelle. Mais cette tempête dans un balconnet a permis, une fois de plus, d’éluder les vrais problèmes, grâce à un infernal syllogisme dont les communicants ont bien compris le fonctionnement : Najat Vallaud-Belkacem est attaquée, OR elle l’est par un affreux macho sexiste et misogyne, DONC sa réforme est bonne.

QUOD ERAT DEMONSTRANDUM, comme on ne pourra bientôt plus dire, et circulez, y’a rien à voir.

On pourrait épiloguer longtemps sur l’attitude de la ministre, que je trouve personnellement assez incroyable, face au brave député Lett et à la représentation nationale.

http://www.dailymotion.com/video/x3cpsce_najat-vallaud-belkacem-les-dessous-chics-de-la-reforme-du-college_news

Que voit-on ici, de la part de Mme Vallaud-Belkacem et de sa chouette équipe d’aminches ? Un comportement d'adolescente mal élevée, de collégienne précisément : on ricane, on n'écoute pas, on minaude, on prend des poses, on se fiche du monde, on papote avec sa voisine, bref on cherche sa baffe, pardon ses quatre heures de colle. On dirait une gamine qui répondrait "Cause à ma main" ou "Je te parle pas, t'es un boloss". Et c’est Brighelli l’insolent impoli ? C’est VRAIMENT lui qu’on doit remettre en place ? Allons donc !

Quant à la réponse de la ministre Sur France Info, elle vaut elle aussi son pesant de noix vomique. Brighelli, dit-elle, « ne mérite pas qu’on s’encombre l’esprit avec lui. Moi, je ne m’encombre pas l’esprit avec quelqu’un qui, comme lui, se croit autorisé à donner des leçons sur l’école et commence par la qualifier de "fabrique du crétin", c’est vous dire la finesse légendaire du personnage ».

Suit cette phrase admirable, grandiose, sublime, qui dépasse Pascal, « Je vais beaucoup mieux depuis que je l'ai fait disparaître de mon champ de vision ».

TEMPÊTE DANS UN BALCONNET

Je crois qu’on a ici la clef de la méthode de gouvernement de NVB, son mantra, son schibboleth, son alpha et son oméga : la scotomisation (non, ce n’est pas une allusion pornographique, bande d’affreux obsédés que vous êtes !).

Tout ce que je ne vois pas n’existe pas, donc je vais bien, donc tout va bien, comme le montre mon éternel sourire radieux scotché sur mon joli minois…

Je fais « disparaître de mon champ de vision » les grévistes de la faim (3) de Bellefontaine et d’ailleurs, je ne les reçois pas vu qu’ils n’existent pas… et je vais beaucoup mieux.

Je fais « disparaître de mon champ de vision » les 15.000 manifestants du 10 octobre, qui n’existent pas, et je vais encore mieux.

Du reste je n’ai toujours pas reçu l’intersyndicale, elle aussi « (disparue) de mon champ de vision » : elle n’existe pas non plus, et chaque jour je vais de mieux en mieux :

https://savoir.actualitte.com/article/analyses/1244/les-syndicats-enseignants-opposes-a-la-reforme-du-college-toujours-pas-recus-au-ministere

Notre « Pimprenelle », puisque Pimprenelle il y a, marche non seulement à l’hypnose, mais à l’auto-hypnose, quelque chose entre la méthode Coué et le training autogène en somme...

TEMPÊTE DANS UN BALCONNET

Le mieux est l’ennemi du bien, madame la ministre, et prenez-y garde : sachez qu’à force d’aller de mieux en mieux vous finirez par ne plus aller du tout, -- ce qui finalement ne serait pas si grave si votre disparition des écrans, ainsi que celle de tout le gouvernement dont vous faites hélas partie, ne risquait pas d’aller de pair avec, au mieux, le retour au pouvoir d’un ex-président dont on sait les capacités de nuisance, au pire l’accession aux affaires d’un parti qui, lui, nous fera VRAIMENT sentir ce qu’est le fascisme – bien autre chose qu’une pique perfide sur les dessous chics, les boucles d’oreille et le rouge à lèvres d’une jolie vache déguisée en fleur.

Alors, madame, au lieu de « faire disparaître de (votre) champ de vision » tout ce qui vous dérange et ne va pas dans le sens de ce que vous croyez être le Bon, le Vrai et le Juste, si vous ouvriez les yeux et les oreilles, à titre exceptionnel, pour entendre le mécontentement des professeurs, l’opposition à votre réforme de 80 % des enseignants et de leurs syndicats représentatifs, de personnalités qu’on ne peut pas soupçonner d’être vendues à la droite (4) , de parents de plus en plus nombreux ?

Voir la réalité en face, pour une fois, sortir de cet aveuglement volontaire que vous revendiquez pour vous-même avec une étonnante ingénuité, mesurer l’ampleur des refus de votre politique, écouter ce que disent les personnels, au lieu de vous draper dans une stratégie de communication qui, en jouant sur la dignité féminine offensée, ne vise qu’à noyer le poisson, en êtes-vous seulement capable ?

Il est malheureusement permis d'en douter.

  1. Hier dans l’émission de Nagui (Leila Kaddour) d’une part, ce matin avec une question de Patrick Cohen à N. Dupont-Aignan, « JP Brighelli est-il encore le responsable à l’éducation de DLF ? », sous-entendu « N’avez-vous pas encore renvoyé ce triste personnage à ses chères études ? »
  2. M. Céleste Lett, député-maire LR de Sarreguemines, exprimait ses inquiétudes quant à la place de l’allemand dans la réforme du collège.
  3. http://leblogdelapresidente.over-blog.com/2015/07/axioprepeia.html
  4. http://www.democratisation-scolaire.fr/spip.php?article213

P.-S.

Momentanément absente et éloignée du net, je suis dans l'impossibilité de répondre aux commentaires et vous prie de bien vouloir m'en excuser.

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12 novembre 2015 4 12 /11 /novembre /2015 12:27

RECONSTRUIRE L'ECOLE ET SA PRÉSIDENTE

ONT LE PLAISIR, LA JOIE ET L'INESTIMABLE AVANTAGE

DE VOUS ANNONCER LA NAISSANCE DE

L'INTEMPESTIF

le blog de l'association amie SAUVER LES LETTRES

http://sauv.net/wordpress/

HEUREUX ÉVÉNEMENT

"Etre intempestif, c’est éviter d’utiliser la petite lorgnette des idées reçues et des partis pris étriqués. C’est faire entendre une voix qui se refuse à entonner, en chantant décidément faux, la ballade des fossoyeurs de l’école républicaine, une voix qui ne se réduit pas à une unité à comptabiliser parmi les bulletins futurs, une voix qui estime que la démocratie passe par la réflexion et le sens critique et que ces derniers sont à cultiver en priorité.

Etre intempestif, c’est lutter contre une « communication » qui enfume trop souvent les esprits et les prépare notamment à accepter une situation de plus en plus révoltante : éducation et études plus chères pour les parents, école publique au rabais, ascenseur social bloqué, mépris des élèves. L’apprentissage raisonné de la langue française, condition préalable à une construction de soi plus aisée, est négligé et ce sont les enfants des familles les plus en difficulté qui en font d’abord les frais.

Etre intempestif, c’est user d’une liberté de ton pour mieux dénoncer la légèreté de ceux qui ne prennent pas les enjeux sociaux et politiques de l’Ecole au sérieux.

Chaque rédacteur de « L’Intempestif » n’engage évidemment que lui dans ses analyses et partis pris. Il propose sous la forme brève qui lui convient un billet d’humeur, une philippique, un témoignage ou tout autre contenu que l’actualité lui fournit pour développer ses remarques « inactuelles ». Un rien provocateurs, un temps festifs, un autre moment ravageurs, les textes proposés ont l’ambition de réveiller un débat qui se perd dans les chiffres du comptable, commence à s’endormir face aux sermons lénifiants des idéologues et va se coucher quand les prétendus experts en sciences de l’éducation se mettent à jouer du pipeau."

LONGUE VIE, PERTINENCE ET IMPERTINENCE À L'INTEMPESTIF !

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16 octobre 2015 5 16 /10 /octobre /2015 13:42

Ne boudons pas notre plaisir – car on s’est sacrément fait plaisir à la saint Ghislain, non seulement parce que Phébus Apollon était de la partie, mais aussi et surtout parce qu’il y avait du monde, pas mal de monde (entre 8000 et 20000 personnes, suivant les estimations) à battre le pavé parisien de Port-Royal à la rue du Brevet, pardon du Bac -- mais c’est bientôt pareil…

On y vit donc des professeurs, leurs syndicats…

Sabotons, sabotons la réforme alakhôn !

… des étudiants, jeunes et contre…

Sabotons, sabotons la réforme alakhôn !

… un certain nombre de pancartes fermes et déterminées…

Sabotons, sabotons la réforme alakhôn !
Sabotons, sabotons la réforme alakhôn !

… les happenings joyeux et résolus de l’Antic pride, « Arrête ton char »…

Sabotons, sabotons la réforme alakhôn !

… nos Immortel(le)s…

Sabotons, sabotons la réforme alakhôn !

… quelques pseudo-zintellectuels, nos camarades de « Sauver les Lettres » et bien évidemment de « Reconstruire l’Ecole », un académicien mécontemporain, un recteur honoraire, et un certain nombre de responsables politiques (par ordre alphabétique, François Cocq et Eric Cocquerel du Parti de Gauche, Nicolas Dupont-Aignan de Debout la France, Georges Gastaud des Refondateurs Communistes, Pierre Laurent du PCF, et je ne cite que ceux que j’ai vus).

Ceux qui attendaient François Bayrou en furent pour leurs frais (sans doute avait-il plus important à faire ce jour-là ?!), tout comme les supporteurs de Bruno Lemaire du reste.

Au moins tout ceci a-t-il le mérite d’être clair : rien à espérer de cette alternance-là, pour les naïfs qui se faisaient encore des illusions sur les suites politiques de ce mouvement.

COMPTER SUR NOS PROPRES FORCES ET RESTER UNIS

Alors, à présent, que faire ?

« COMPTER SUR NOS PROPRES FORCES », comme disait le Président Mao.

C’est-à-dire RESTER UNIS, ne pas commencer à nous diviser entre partis plus ou moins tentés de récupérer notre action, syndicats plus ou moins minoritaires rêvant de majorité, egos plus ou moins susceptibles et/ou plus ou moins malmenés, ceux qui croyaient au Collège unique et ceux qui n’y croyaient pas, etc., etc.

Ne pas se démobiliser prématurément, sous prétexte que le défilé était beau, gai et plein d’une ferveur militante et d'une inventivité qu’on n’avait pas vues dans nos rangs depuis un bon petit moment.

Sabotons, sabotons la réforme alakhôn !

Ne pas prêter oreille aux rumeurs venues d’on ne sait où et prétendant qu’après une dissolution possible suite à un échec plus que prévisible aux prochaines régionales, Mme Vallaud-Belkacem serait exfiltrée de l’Education Nle et recasée, pour services rendus, dans un grand ministère régalien. Quand bien même ces bruits de couloirs seraient exacts, cela ne changerait pas grand-chose : quand l’abominable Allègre fut remplacé par Jack Lang, on ne peut pas dire que la politique éducative en a pour autant évolué dans le bon sens. M. Lang, homme affable et courtois, se contenta de nous endormir avec courtoisie et affabilité. Pimprenel déjà, en somme :-) !

Sabotons, sabotons la réforme alakhôn !

LA LUTTE SERA LONGUE ET PÉNIBLE

Ne nous berçons pas d’illusions : la lutte sera longue et pénible. Ce gouvernement PS qui a cédé devant tout ce que le pays comporte de forces rétrogrades, le MEDEF, les Bonnets Rouges, devant n’importe quel corporatisme, les routiers, les taxis, les agriculteurs productivistes (et j’en passe), ne fera pas le moindre geste envers des enseignants qu’il croit encore relever de son électorat historique, -- quitte à perdre des régionales dont on se demande s’il a vraiment encore envie de les gagner

L’intersyndicale appelle les professeurs de collège à ne pas se porter volontaires pour les formations anticipées destinées à un petit nombre de collègues qui seraient ensuite les relais de la réforme auprès de leurs pairs (1) . Elle appelle à refuser collectivement de participer à toutes les réunions organisées en dehors des heures de cours avec un ordre du jour relatif à la réforme : conseil pédagogique, conseil école-collège, réunions diverses... Bref, un appel au boycott des formations/formatages des commissaires-formateurs à l'infâme réforme.

SABOTAGE ?

C’est en quelque sorte ce que le romancier italien Erri De Luca appelle, à propos d’un projet à la fois inutile, dispendieux et meurtrier pour l’environnement (un tunnel de 57 kilomètres pour le TGV Lyon-Turin (2), du « sabotage » (3).

En quoi ce qui est valable pour éviter la destruction d’une vallée alpine ne le serait-il pas pour contrer une réforme dont la nuisibilité n’est plus à démontrer ?

Les professeurs ne sont pas du genre à mettre le feu aux préfectures, à casser des vitrines, à bombarder les CRS avec des boulons, à arracher les chemisettes de mesdames Robine et Vallaud-Belkacem. Ils n’envisagent même pas d’aller lancer aux grilles du ministère leurs Gaffiot, Bailly, Wörterbuch der deutschen Sprache et autres outils d’un autre âge pour langues qui ne se parlent plus que dans les rêves de ringards érudits.

En revanche, un sabotage en douceur, un sabotage non-violent, mais un sabotage quand même, c’est possible, surtout si le mot d’ordre est massivement suivi.

Pas d’autre solution que de montrer, jour après jour, face au caporalisme de l’administration, une détermination sans faille à ne pas appliquer cette réforme-là. Tous ensemble et chacun à sa tâche, comme le petit colibri de la fable, faisons notre part. Ce qui nous unit (la défense de l’École républicaine, des savoirs, de l’instruction, des humanités, dans l’intérêt et pour la réussite de nos élèves), est plus fort que ce qui nous sépare, ne l’oublions pas !

Sabotons, sabotons la réforme alakhôn !
  1. Voir par exemple https://www.aix.snes.edu/Operation-grainS-de-sable et www.europe1.fr/societe/reforme-du-college-les-profs-boycottent-les-formations-2530231
  2. http://soutienaerrideluca.net/le-lyon-turin
  3. http://soutienaerrideluca.net/accueil/

NB : toutes les vues de la manifestation sont des photos perso, que vous pouvez copier et diffuser, naturellement.

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7 octobre 2015 3 07 /10 /octobre /2015 18:29

Ou : toutes les raisons d’être à Paris (RER Port-Royal), le 10 octobre à 13 h 30 !

À LA SAINT GHISLAIN, BATTONS LE PAVÉ PARISIEN !

Les grands médias, à quelques exceptions près, et l’audiovisuel public en particulier ayant décidé (ou y ayant été gentiment incités) de ne piper mot de la manifestation nationale du 10 octobre prochain contre la réforme du collège, je ne vais pas vous faire l’offense de vous rappeler l’importance de ce rendez-vous qui va marquer une étape décisive dans la mobilisation.

Je me contenterai de revenir sur quelques points gravissimes, qui devraient décider les hésitants, s’il y en a encore, à se jeter illico et toutes affaires cessantes sur leur auto ou leur billet de TGV, qu’ils soient enseignants, parents d’élèves ou simple défenseurs de la culture et des humanités.

À LA SAINT GHISLAIN, BATTONS LE PAVÉ PARISIEN !

OUI, ô vous qui hésitez, contrairement à ce qu’a répété la ministre, cette réforme marque la fin de l’enseignement du latin et du grec au collège. Non solum les Enseignements Pratiques Interdisciplinaires (EPI) en langues anciennes ne seront pas forcément mis en place dans tous les établissements, non solum le latin ne sera pas nécessairement proposé en enseignement de complément dans tous les établissements (ce qui, entre parenthèses, constitue une rupture scandaleuse de l’égalité républicaine sur l’ensemble du territoire), sed etiam les principaux de collège ont décidé, en s'appuyant sur la lettre ministérielle ou plutôt en s’asseyant dessus (pour reprendre l’expression du jus pédagol, très saignant sur ce coup-là) de revenir à la baisse sur l'organisation de ces EPI. Ladite circulaire précisant que l'EPI « Langues et cultures de l'Antiquité » peut être suivi en 5ème, 4ème et 3ème, « il y aura un seul EPI de langues anciennes de 5ème mais pour tous les élèves » (1), annonce le SNPDEN, syndicat des chefs d’établissement -- affilié à l’UNSA, on s’en doutait un peu. Voilà ce qu’on appelle démocratiser le latin, sans aucun doute, et créer les conditions favorables à l’éclosion d’un véritable vivier de latinistes dans les années à venir…

Par chance (enfin, façon de parler), Florence Robine, directrice de la DGESCO (2), n’a pas de ces pudeurs. Dans ce verbatim relevé par des collègues du SNES infiltrés dans une réunion destinée aux « perdirs » (chefs d’établissement) de Rouen (3), on appréciera tout particulièrement ce qui est dit du latin : « Ça m'arrangerait de ne pas parler du latin … À l'heure actuelle, il va mourir tout seul », explique-t-elle tout crûment – surtout si on lui tient bien la tète sous l’eau – au latin, pas à cette brave dame, naturellement. Manque de bol, on va en parler, du latin, et pas seulement de lui.

OUI, ô vous qui croyez encore à ce que raconte la ministre, contrairement à ce qu’elle a répété et au numéro éhonté qu’elle a joué en Lorraine (4) pour faire semblant de promouvoir l’allemand, cet enseignement se trouve de plus en plus compromis – et la promesse de l’introduire dès le primaire n’est rien d’autre qu’un mensonge de plus dans une liste aussi pinochienne que cléopatrale.

À LA SAINT GHISLAIN, BATTONS LE PAVÉ PARISIEN !

Si l’allemand va connaître une progression aussi fulgurante, pourquoi les stagiaires d'allemand de Créteil ont-ils reçu la consigne orale de passer une habilitation dans une autre matière (5), ce qui fait montre d’un singulier respect et pour les germanistes et pour les qualifications ? Toujours à Créteil, certaines inspections du premier degré, sollicitées pour autoriser l'ouverture de l'allemand en CP ou CE1, ont répondu que, la réforme du collège ne leur permettant pas de s'engager sur la pérennité de l'allemand dans les collèges de secteur, et les classes bilangue anglais-allemand en 6ème étant appelées à disparaître dès septembre 2016, il leur était impossible d'initier l'enseignement de l'allemand en CP ou CE1 à la rentrée 2015, et plus encore de l'initier à la rentrée 2016, le principe de continuité de l'enseignement étant un impératif.

Bref, l’allemand sera bien, lui aussi, au centre du cortège parisien samedi prochain (6)

Quant aux langues vivantes en général, on peut se demander en quoi l’introduction de la LV2 dès la cinquième, à raison de 2 h 30 par semaine, va améliorer quoi que ce soit pour les élèves en difficulté, c'est-à-dire ceux qui ont déjà du mal en français et en LV1 !

Autre point qu’il faut encore et encore rappeler tant la Propagandastaffel se déchaîne, ô lecteurs de peu de foi, ô nains de l’adhésion,: les matières fondamentales vont perdre des heures de cours pour laisser se mettre en place les fameux EPI dont on a déjà vu ici même (7) à quel point ils sont… nous dirons « bidon » pour rester polis. Par exemple, un élève de 6eme bénéficie aujourd'hui de 5 heures de français. En 2016, il en aura 4h30, qui ne consisteront pas seulement en des cours « classiques » ; en effet, sur ces heures, les professeurs devront obligatoirement travailler en EPIpeau (dont l’efficacité peut être mise en doute, au vu des grotesques expérimentations hispano-kényanes sur lesquelles nous aurons la délicatesse de glisser mortels sans appuyer) et faire de l’accompagnement personnalisé (AP ) en méthodologie, alors qu’aujourd'hui, l’AP se fait en plus des heures de cours et non à la place.

Reprenons l'exemple du français, pour ceux qui doutent encore ou n’auraient pas bien suivi. Aujourd'hui, le jeune Kevin Dugenou a en 6ème 5h de cours et, en plus, de l'AP. Dès la rentrée 2016, son petit frère Brandon aura 4h30 de français en 6ème, dont une demi-heure pourra être utilisée pour un EPI avec de l’histoire ou autre, et une heure pour l'Accompagnement Personnalisé. Il lui restera donc 3h de cours proprement dits.

J’aurai même la cruauté de renvoyer aux tableaux statistiques publiés sur le site du Collectif Sauver Les Lettres SLL (8), qui vous montrent à quel point, depuis des années, l’institution a renoncé à enseigner le français, si cela peut vous décider, vous qui vous tâtez encore, à monter à Paris samedi

Si l’on ajoute à cela des programmes désolants (9) sur lesquels on reviendra dans un prochain billet, on peut vraiment douter de la volonté ministérielle et gouvernementale de faire véritablement progresser les élèves et d’amener Kevin, Brandon et les autres au maximum de leurs possibilités.

Bref, comme dit Le Canard enchaîné, ce sont des paroles verbales…

Dernière remarque, car il faut bien se limiter : « La nouvelle organisation du collège entre en vigueur, pour tous les niveaux d'enseignement, à compter de la rentrée scolaire 2016 » (10), ce qui rend quasiment irréversible la mise en place de cette usine à gaz.

À LA SAINT GHISLAIN, BATTONS LE PAVÉ PARISIEN !

Naturellement, comme tout ceci est fait dans la précipitation depuis le passage en force du printemps dernier, et que bien des enseignants renâclent (11) à mettre et faire mettre en application ce qui semble à la majorité de la profession une réforme délétère, l’autoritarisme et le caporalisme, les deux mamelles de l’Éducation Nationale à la sauce socialiste, reviennent (12) comme au bon vieux temps du regrettable Allègre !

Bref, le ministère perd son sang-froid, les recteurs paniquent, et le flic qui sommeille en tout socialopédago se réveille dans son insondable et flaubertienne bêtise. Et c’est ainsi qu’on apprend par la très sérieuse AEF que « l’académie de Toulouse met en place un outil de pré-repérage pour détecter les établissements dans lesquels la formation prévue dans le cadre de la réforme du collège s’annonce 'complexe', explique Dominique Maillard, IA-IPR d’EPS, chargé dans le cadre de la réforme du collège, d’une mission de 'conseil, formation et assistance au pilotage pédagogique', par Hélène Bernard, Rectrice de Toulouse (…) Deux questions sont posées aux chefs d’établissement : quelle est la répartition de la typologie des acteurs au sein du conseil pédagogique ? Chez les enseignants ? Font-ils partie du groupe des 'opposants, rebelles, hostiles, irréductibles', du groupe des 'attentistes, passifs indifférents, indécis' ou du groupe des 'progressistes, proactifs, convaincus, avocats ou relais' ? »

NVB ou NKVD ? Jules Moch, sors de ce corps !

À LA SAINT GHISLAIN, BATTONS LE PAVÉ PARISIEN !

Comment tout ceci va-t-il se terminer ? Pour le moment, les professeurs, sans doute parce qu’ils ont un surmoi particulièrement développé, en sont à retourner la violence contre eux-mêmes, comme le montrent les grèves de la faim qui se multiplient des derniers mois, dans l’indifférence totale des autorités (13).

En arriverons-nous à des débordements violents tels qu’on a pu les voir ces derniers jours à Air France ?

L’histoire retiendra-t-elle qu’une toute petite personne, un joli produit marketing qui est au PS ce que fut Rachida Dati à l’UMP, aura pu d’un trait de plume donner le coup fatal à un système scolaire déjà bien esquinté par ses prédécesseurs toutes tendances confondues ?

Est-il encore temps de mettre un coup d’arrêt à cette calamiteuse réforme et de contraindre la ministre à négocier avec les organisations syndicales représentatives et majoritaires ?

À LA SAINT GHISLAIN, BATTONS LE PAVÉ PARISIEN !

Un autre collège est possible et souhaitable -- mais pas celui que nous propose, le sourire figé, Mme Vallaud-Belkacem. Alors, n’hésitons plus, bougeons, et soyons nombreux samedi à défiler pour lui montrer, ainsi qu’au Premier Ministre et au Président, que nous ne laisserons pas détruire ce qui demeure du collège, et que, quelle que soit l’issue de la bataille, nous vendrons chèrement ce qui nous reste de peau. La cause que l’on défend vaut moins que l’honneur qu’on met à le faire, dit-on. Et notre cause, celle de l’instruction, des humanités, de l’humain, est noble, belle et bonne. Kalè kagathè !

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